samedi 7 novembre 2020

Un monde sans... Episode spécial #5

Un monde sans prunes


Que ne ferait-on pas pour des prunes ? Je me le demande encore... Pour des prunes, envoyons les profs aux fraises... Pour des prunes, communiquons sur l'inutilité du masque puis, rendons-le obligatoire... Pour des prunes, laissons les citoyens libres de s'exprimer dans les urnes puis recluons-les strictement dès le lendemain... Pour des prunes. Pour des prunes parce que c'est inefficace... Pour des prunes parce c'est passible d'une amende... Pour des prunes, donc mais pas pour n'importe quelle récolte...

La récolte a été magnifique, au-delà de toute espérance. Nos élites pensantes, et bien-pensantes, n'avaient rien vu venir mais, fort heureusement, nos élites l'avaient prévu... Des éléments de langage nouveaux fleurissent comme au printemps... Un échec ? Non, juste quelque chose qui n'a pas marché... Des hôpitaux engorgés ? Non, juste un besoin d'harmonisation hospitalière... Un corps médical en sous-effectif ? Non, juste des problématiques managériales locales... Cessons de voir le verre à moitié vide... Ou au quart, ou au huitième... Voyons, voyons, il faut juste voir le verre et, qu'il soit à moitié plein ou qu'il ne contienne qu'une goutte, même si c'est une petite gouttelette, même si elle est en train de s'évaporer, extasions-nous devant cette gouttelette.

Puisqu'on parle de prunes, j'irais bien à Saint-Georges-de-Didonne chez Tarte Aux Prunes, j'irais bien comme quand j'étais môme, comme quand on était en vacances, mais c'est fermé... Les écoles sont ouvertes comme les collèges et les lycées, les entreprises aussi mais pas les commerces "non-essentiels"... Tarte Aux Prunes n'est pas essentiel, Tarte Aux Prunes est fermé... Et fermé pour quoi ? Pour des prunes au final...

Quand je contemple le spectacle actuel et que je m'interroge sur le fondement de chaque décision prise dans cette crise sanitaire actuelle, il ne me vient qu'une question : pourquoi ? Le plus sordide, c'est que je connais déjà la réponse : Parce que pourquoi pas !

Le premier confinement devait permettre d'endiguer l'épidémie, ça l'a ralentie mais on n'a pas jugé utile d'attendre qu'elle soit stoppée... L'urgence était de faire comme si de rien n'était, il fallait reprendre les échanges, favoriser les flux de personnes et de marchandises, fluidifier le marché. On a fait comme si de rien n'était et l'on s'est fié aux mieux-disants, aux mieux-pensants, c'est-à-dire à ceux qui n'avaient rien vu, qui n'avaient rien entendu et qui n'avaient rien prévu, et on leur a fait confiance pour continuer à ne surtout rien voir, continuer à ne surtout rien entendre et continuer à ne surtout rien prévoir.

Le second confinement est là... Il a démarré à 1.331.984 cas, l'objectif était 5.000 contamination, on est, une semaine plus tard à 1.661.853 cas en ayant battu trois fois le record du nombre de cas dans notre pays... Il est possible que la politique de confinement menée en France ne soit pas aussi efficace qu'attendu... C'est possible... Il est aussi possible que les personnes confinées ne soient pas les bonnes. C'est possible... Il est aussi possible que la définition des commerces non-essentiels n'ait pas été la bonne. C'est possible... Toujours est-il que 330.000 personnes ont été contaminées en France sur la semaine de confinement qui vient de s'écouler.

Heureusement, notre Président veille et sait s'entourer de conseils... Conseil de santé, conseil de défense... Les plus mesquins observeront qu'il pouvait s'appuyer sur l'existant, l'Académie de Médecine, l'Académie des Sciences, la Haute Autorité de Santé, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament ou encore l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail en France, l'Europe Diseases Control en Union Européenne et l'Organisation Mondiale de la Santé au niveau mondial. Mais laissons les mesquins à leurs mesquineries... Après tout, seule l'Histoire jugera.

En attendant, profitons du spectacle, les occasions de craindre pour sa vie et pour celle des autres sont trop rares pour se priver d'une douce frayeur.

Nicolas Lechner
Novembre 2020

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