lundi 15 août 2011

Coluche, l'histoire d'un mec

 Cette histoire s'est écrite en 1980. Mille-neuf-cent-quatre-vingt, tout est parti d'une idée, un humoriste censuré, un coup de publicité. Ni de droite ni de gauche mais des planches de café-théâtre. Il était censuré sur les ondes, craint par le pouvoir en place et par celui qui s'apprêtait à lui succéder. C'est en 1980 qu'un homme eut une idée de génie et c'est cette même année qu'il allait être dépassé par l'envergure du mouvement qu'il avait initié et auquel il ne croyait pas.

 En 1980, Michel Colucci, célèbre sous le pseudonyme de Coluche se présente à l'élection présidentielle. Des soutiens se déclarent, quelques artistes de renom, quelques intellectuels et de nombreux anonymes. Des soutiens se déclarent ses ennemis aussi... « Coluche, tous ensemble pour leur mettre au cul » est une idée qui rassemble et les sondages montrent qu'il est devenu en quelques semaines la troisième force politique française. Coluche n'est plus un troubadour, il est un homme à abattre.

 Cet homme qui faisait rire la France est devenu, aux yeux de certains, trop dangereux. Nous sommes en 1980 et c'est la mort qui frappe son entourage. Coluche est affaibli mais toujours plus soutenu. Coluche est au sommet de sa gloire et c'est à l'image de cet homme glorieux que ses adversaires vont s'attaquer. Point de pardon, point de rédemption, point de pitié, c'est le passé d'un homme qui est utilisé contre lui.

 Grandeur et décadence, mille-neuf-cent-quatre-vingt-un marque un tournant, la fin d'un combat, la fin d'une époque. Abandonné par ceux qu'il pensait être ses amis, abandonné par la femme qu'il aimait, il assiste, spectateurs impuissant, à la victoire de François Mitterrand. Coluche sombre peu à peu dans ses problèmes personnels.

 L'histoire de Coluche aurait pu s'arrêter là. L'Histoire s'écrira en mille-neuf-cent-quatre-vingt-cinq lorsqu'il eut une idée. Non pas un coup de pub comme quatre ans auparavant, mais un véritable projet pour ceux dont il se voulait être le porte parole. 1985, c'est l'histoire des restos du cœur. Coluche était un humoriste, en 1980, il prêtait à sourire, en 1985, il entre dans l'Histoire de France. L'histoire de Coluche aurait pu s'écrire d'une seconde course à la présidentielle mais hélas... Un accident de moto survint le 19 juin 1986... Coluche perdit la vie laissant derrière lui deux enfants, Romain et Marius. L'association qu'il fonda quelques mois auparavant lui survécut et son succès ne se démentira malheureusement jamais.

 Coluche, c'était l'histoire d'un mec.

Nicolas Lechner
Août 2010 (Arrangements, août 2011)


Note : J'ai écrit cet article juste après avoir visionné le film « Coluche, l'histoire d'un mec » réalisé par Antoine de Caunes en 2007.

7 commentaires:

  1. Je dois continuer cette histoire inachevée, donc la version précitée est celle réservée au grand public. Voici la véritable histoire cachée, pour ne pas dire exécution.

    PARTIE I
    Les médias nous ont menti depuis le début: ils n'ont rapporté que la version du chauffeur du camion, jamais la version des deux amis de Coluche (Ludovic Paris et Didier Lavergne) qui étaient quelques mètres derrière lui, à moto, et qui ont tout vu: le chauffeur a braqué au dernier moment en plein milieu d'une ligne droite pour écraser Coluche, qui roulait à 60 km/h, alors que la version du chauffeur et de la télé, c'est que Coluche roulait très très vite, comme un fou, et se serait encastré dans un camion dans un virage car il n'aurait pas eu le temps de le voir.
    Didier Lavergne: << Je suivais Coluche à deux, trois mètres, pas plus. Nous étions presque roue dans roue. Le camion a tourné sans mettre son clignotant, sous le nez de Coluche >>.
    France-Soir le 20juin 1986 (comme quasiment tous les médias): << Derrière lui, ses deux amis, Ludovic Paris et Didier Lavergne, n'ont rien vu, leur pote était déjà mort quand ils sont arrivés à sa hauteur. >>
    Didier: << Ah mais, c'est complètement faux! J'ai tout vu. C'est même moi qui ait indiqué aux gendarmes l'endroit précis où la tête a heurté. J'ai vu la tête, boum, elle a heurté l'angle du phare. >> <> << À un mètre ou deux près, il aurait freiné >>
    Tous les journaux ont écrit: << Quand ils sont sortis du virage, le camion était déjà en travers. >>
    Didier: << Mais c'est ça qui est faux! Moi je l'ai toujours dit, le camion venait droit vers nous. Et il était loin. >>

    Coluche était un motard chevronné, et n'était ni bourré ni drogué ce jour-là d'après les analyses scientifiques

    Ses deux camarades qui étaient quelques mètres derrière lui ont immédiatement freiné quand le camion a soudainement braqué, preuve que la version officielle est un énorme mensonge: il y avait largement la distance et le temps pour s'arrêter et ne pas rentrer dans le camion.
    Didier (trois mètres derrière Coluche): << C'était pas limite du tout. Je me suis arrêté sans faire de traces sur le bitume, et sans tomber...devant la cabine du camion. Michel, lui, n'a pas freiné parce que le camion lui a claqué la porte au nez. Et Michel ne pouvait avoir d'autre réaction que celle qu'il a eue, parce que c'est un réflexe de motard. Un réflexe, c'est quand t'as pas le temps de réfléchir. >> Ludovic (dix mètres derrière Coluche): << C'était un bon freinage quoi, pas en urgence. On n'allait pas vite, encore une fois, ON N'ALLAIT PAS VITE! >>
    Didier: << il roulait vers nous, ça j'en suis sûr. Parce que ça aussi...il aurait été arrêté, et puis il aurait tourné et fait la manoeuvre quand on est arrivés, bon, peut-être que je me serais posé moins de questions. Mais là, c'était comme s'il avait fait exprès, pour nous foutre en l'air, tu vois. >>

    Le merle moqueur [Suite.../...]

    RépondreSupprimer
  2. PARTIE II
    Une expertise scientifique ordonnée par le juge Renard avait prouvé que le chauffeur avait menti sur la vitesse de la moto. Mais le juge est un des fameux juges francs-maçons liés au milieu de Nice, mis à la retraite d'office quelques années plus tard dans le plus grand scandale concernant la justice depuis des décennies: il a choisi (sur ordre?) de ne garder que la version du chauffeur, et d'éliminer 2 des 3 témoins, qui n'ont pas été entendus lors du procès!

    Le chauffeur travaillait ce jour-là non pas pour son employeur, mais à son compte: il transportait des gravats provenant du chantier de la gendarmerie de Grasse. Gendarmerie de Grasse...c'est à un barrage de la gendarmerie de Grasse, à la sortie de Valbonne, que les amis de Coluche qui étaient à moto quelques minutes derrière Coluche se sont heurtés, seulement dix minutes après que la camion ait heurté Coluche. Barrage alors que les secours n'étaient pas encore arrivés à Opio sur le lieu de drame! Depuis combien de minutes ce barrage était-il en place? Didier et Ludovic ont trouvé très étrange qu'aucun véhicule ne soit passé sur les lieux du drame entre le moment de l'accident et l'arrivée des secours. Pendant de très très longues minutes, la route était totalement déserte. Il a fallu attendre plusieurs dizaines minutes pour que les secours arrivent alors qu'au bout de 10 minutes la gendarmerie de Grasse avait déjà mis en place un barrage.
    Non seulement les médias nous ont caché tout ça, mais en plus ils nous parlaient d'une livraison anodine dans un camping...totalement inexistant en fait à cet endroit là! Encore des mensonges.

    Après "l'accident", ce chauffeur ne s'est à aucun moment occupé de Coluche couché par terre contre le camion. Non, il voulait juste signer le constat! Abracadabrantesque. Encore plus abracadabrantesque quand on se souvient que dans les médias à l'époque, dans les jours qui ont suivi l'accident, il nous était présenté comme un homme bouleversé qui aimait Coluche! Encore des mensonges.
    Didier: << Attends! Mais le chauffeur, c'était incroyable! Ça aussi, ça m'a choqué... Il est pratiquement sorti tout de suite avec les papiers pour faire le constat, c'est insensé! Le type qui voit un mort et qui attend avec sa sacoche et ses papiers pour faire le constat, c'est un truc de fou. Il ne s'est jamais approché de l'homme qui était blessé par terre, c'est ce qui m'a choqué le plus. Tu vois il marchait en tenant sa pochette derrière comme ça. >>
    Didier s'est adressé au chauffeur: << "T'as vu qui t'a mis par terre? C'est Coluche!" Et il n'a pas fait de commentaire. Il ne s'est pas plus approché pour avoir un geste de compassion humain... C'était très bizarre. >>

    Le merle moqueur [Suite.../...]

    RépondreSupprimer
  3. PARTIE III
    Pourquoi Coluche a-t-il été tué (d'après 2 des 3 témoins) le 19 juin 86?
    Tous ceux qui ont rencontré Coluche à cette époque sont unanimes: il s'apprêtait selon ses propres termes à << hurler sa pourriture au monde >>. Il était en train de préparer un nouveau spectacle au vitriol pour la rentrée, au Zénith de Paris, dans lequel il allait taper très très fort sur Mitterrand et sur la gauche caviar qui ne faisait rien contre le chômage, et il allait parler de Mazarine! Il connaissait tous les secrets du tout-Paris (politique, show-biz,...) grâce à son secrétaire personnel, Jean-Michel Vaguelsy. << Je vais les secouer, je vais les allumer tous! >> répétait-il souvent. << Jusque-là, on a bien rigolé, mais ils n'ont encore rien vu: cette fois, ils ne vont plus rire du tout! >> (Télé-Obs, 13 juin 2002).
    Trois jours avant sa mort, le 16 juin 86, Coluche déclarait à Michel Denisot: << Les hommes politiques vont recevoir. Lors de mon dernier spectacle j'avais fait peur à certains hommes politiques, mais là, je vais carrément leur faire honte. >> (Libération, 20 juin 1986).
    Dans un magazine télé en 1986 à propos des hommes politiques: << Un pour tous, tous pourris. >>
    Son producteur Paul Lederman, cité dans le livre du journaliste du Monde, Philippe Boggio: << Coluche avait envie d'en découdre avec les socialistes. >>
    Mitterrand et le PS étaient probablement effarés à l'idée que l'homme de gauche le plus populaire en France allait passer les deux années avant la présidentielle de 1988 à les attaquer impitoyablement. Et Mitterrand à l'époque faisait tout pour empêcher qu'on parle de sa fille (des centaines d'écoutes illégales, harcèlement physique quotidien de Jean-Edern Hallier par des agents secrets en civil pour le rendre fou; quand il racontait ça tout le monde le prenait pour un parano...mais cela a été confirmé des années plus tard lors du procès des écoutes). Quasiment tout ce que Coluche avait écrit et enregistré a disparu selon sa dernière compagne Fred Romano : << Je n’ai jamais su trop quoi penser de cet accident, ce qui est certain c’est qu’il était en pleine préparation d’un spectacle explosif, les bandes étaient enregistrées et elles ont disparu comme par miracle après l’accident, j’aurais aimé savoir ce que contenaient ces bandes....>> (Source : http://www.lemague.net/dyn/article [...] ticle=2227 )

    Il allait aussi aller beaucoup plus loin que les restos du coeur et s'attaquer au chômage, à la répartition inégalitaire du travail et des richesses en France. Il allait foutre en l'air tout le théâtre politique actuel. C'était lui ou eux. Les menaces de mort des services secrets français lors de sa candidature à l'Élysée en 1981 sont devenues réalité 5 ans plus tard, après qu'il ait mis le parlement à genou en faisant voter une loi pour obtenir une réduction d'impôts pour les dons aux restos du coeur (et à d'autres associations).

    Le merle moqueur [Suite.../...]

    RépondreSupprimer
  4. PARTIE IV
    Didier Lavergne: << Il y avait une balle encadrée dans son bureau avec écrit: "La prochaine sera pour toi". C'était clair. C'est-à-dire qu'on lui avait annoncé que s'il faisait trop chier, on allait le descendre. >> Et depuis son retour sur scène en 1985, il recevait à nouveau des menaces de mort régulières, des balles, des lettres,...Il faisait aussi chanter l'Union Européenne et ses stocks faramineux de nourriture, ainsi que des grands groupes de l'agro-alimentaire, une dizaine de chantages de ce genre en tout, pour obtenir plus de nourriture pour les Restos du Coeur. Il réussissait là où les politiques ne faisaient rien ou si peu, et en plus il allait s'attaquer au chômage, donc faire honte à la classe politique par des actions concrètes et par ses mots dans son spectacle à la rentrée 1986. Il était en passe de discréditer les hommes politiques français.
    Coluche pensait qu'ils étaient trop cons pour pouvoir le tuer, comme le dit un de ses proches dans le livre.

    Comment les médias ont-ils pu mentir à ce point? Les dépêches venaient de l'AFP, agence de presse dépendant de l'état, où travaillent au moins quatre membres des Renseignements Généraux; plusieurs sont reproduites et analysées dans le livre, et c'est là que l'on retrouve la gendarmerie de Grasse: c'est d'elle que proviennent toutes les informations reprises par le journaliste de l'AFP. Informations? Désinformation plutôt. Sur les faits, dont plusieurs sont carrément inventés: on invente des témoins qui racontent avoir été doublés par Coluche et ses amis << à une vitesse impressionnante >>, alors que, je le rappelle, l'expertise scientifique a prouvé que Coluche roulait à 60 km/h. Et manipulation psychologique: on insiste bien lourdement sur le fait que Coluche était un champion de vitesse à moto. Et une fois les deux témoins amis de Coluche entendus...par la gendarmerie de Grasse, une seule phrase de leurs longs témoignages subsiste dans la dépêche qui en fait mention, le 20 juin au matin, mais rien sur leurs accusations envers le chauffeur du camion. Fondamentalement, les médias n'ont pas enquêté. Au procès, 99% des médias étaient absents! Et les seuls présents, comme l'AFP et France-Soir, se contentaient de répéter la version totalement incohérente du juge, qui a réussi l'exploit de dissimuler que la version des amis de Coluche était l'exact contraire de la version du chauffeur: il a fait comme s'il n'y avait qu'une seule version et aucune contradiction.
    Mentir par omission, désinformer par inaction, c'est très facile, et ça arrive tout le temps, il suffit de lire le Canard Enchainé chaque semaine, puis de regarder le JT pour voir comment ça marche. Le Canard Enchaîné a parlé de ce livre; en fait le Canard Enchaîné a fait semblant de parler de ce livre: au lieu de parler de l'élément central, les témoignages jusqu'ici secrets des deux amis de Coluche, le Canard a exclusivement parlé d'une histoire sans importance: les heures de parution des dépêches de l'AFP, pour critiquer le livre. Mais l'auteur a lui-même admis plus tard que dans une seconde édition du livre, il enlèverait cette partie qui n'apporte rien.

    Le merle moqueur [Suite.../...]

    RépondreSupprimer
  5. PARTIE V
    Enfin, les assassinats politiques en France, ce n'est pas forcément nouveau si on se rappelle des très gros doutes sur le "suicide" de Boulin sous Giscard (la famille a demandé la réouverture de l'enquête), du "suicide" de De Grossouvre dans le bureau mitoyen de celui de Mitterrand, alors qu'il venait d'acheter des fleurs pour aller à un dîner chez des amis un peu plus tard...Et les affaires scandaleuses à reprocher aux services sercrets, des irlandais de Vincennes (innocents dans l'appartement desquels les services secrets ont mis des armes pour les accuser de terrorisme), au Rainbow Warrior, on est aussi gâté.
    Et un camion a déjà été utilisé par un commando de l'armée française pour tuer (quelqu'un en voiture) sur le territoire français, en 1964. La justice, le pouvoir, les médias, ont répété la "vérité" officielle (= un simple accident de la route) pendant 30 ans. La vérité commence à sortir tout doucement depuis quelques années sur cette affaire Saint-Aubin, et encore seulement car il s'agit d'inconnus, pas du meutre de quelqu'un de connu, donc les français ne vont pas en vouloir au pouvoir pour ça:

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-781732,36-794328,0.html (Page volontairement supprimée)

    Images : http://imageshack.us/f/295/coluchelaccidentvuedesmjt7.jpg/

    Le merle moqueur [Suite.../...]

    RépondreSupprimer
  6. Voila la véritable histoire de Coluche, un gars qui gênait le pouvoir établi de par sa grande popularité. Il a donc été ajouté à la liste des raisons d'état. A l'époque il y avait une passation de pouvoir entre Giscard et Miterrand, lequel des deux est à l'origine du contrat? Moi, j'ai ma petite idée...

    Le merle moqueur [Fin]

    RépondreSupprimer
  7. Je vous remercie, merle moqueur, d'avoir commenté si longuement cet article si court. Je vous remercie de vous être exprimé(e) sur le sujet. Je n'ai pas cherché à entrer dans la polémique qui consiste à savoir si Coluche a été ou non assassiné. De nombreux éléments sont certes troublants mais ce blog n'est pas un palais de justice et n'a pas vocation à le devenir.

    Vous évoquez une passation de pouvoirs entre François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing qui aurait eu lieu à la même époque que celle de la mort de Coluche... Me permettrez-vous de vous rappeler que François Mitterrand a battu Valéry Giscard d'Estaing en 1981 et que Coluche est mort en 1986 ?

    Vous évoquez un contrat concernant la mort de Coluche. Aucun élément de preuve à ce jour n'étaye cette hypothèse et ces propos n'engagent que votre responsabilité, pas la mienne. C'est un débat sur lequel j'aimerais ne pas aller.

    RépondreSupprimer